19. février 2007

28- La marche dans le DÉSERT... (28/30)⭐️️️ALA⭐️

Qu'on soit bien d'accord, il ne s'agit pas d'un désert de sable avec des dunes, des dromadaires et des touaregs!...😃 Quoi que... mais d'une zone aride volcanique faisant partie de la Suguta Valley où il ne pleut certaine année que 2 fois par an. La végétation y est très pauvre et aucune habitation ne se trouve sur la majorité du parcours!

Normalement, personne ne le fait sans guide et sans porteurs mais seulement parce que nous avons fait nos preuves à Lokipi, les habitants de Parkati nous laisseront partir seuls! Nous sommes en saison sèche et il nous sera impossible de trouver de l'eau jusqu'au lac Turkana...!! Eau qui malheureusement est salée...Les difficultés ne sont pas tant celles du chemin, des heures de marche mais plutôt celles du poids de nos sacs, de la chaleur écrasante et de la restriction d'eau... Sans oublier l'inconnu qui nous fait un peu peur...

Pour les Turkanas ce parcours n'est pas si difficile mais ils ne portent jamais plus de 4 kilos et connaissent bien le chemin. Seront nous capables de le faire?

Il va bien falloir partir de Parkati... C'est vrai qu'on se sent bien mais on réalise aussi que chaque jour passés ici nous suçonnent de l'énergie.

Il nous faut rejoindre Loyangalani ce qui signifie deux jours entiers de marche dans le désert...

Nous décalons notre départ d'un jour, nous ne sommes pas assez prêts...

En effet, durant un après-midi, on part repérer le début du parcours qui est difficile à trouver. On pose des cairns à chaque embranchement! Ils s'avéront très utiles surtout de nuit...

Aussi, il faut bien évaluer la consommation d'eau: pas trop pour le poids mais assez pour la soif... Finalement, il nous faudra 22Kg d'eau !!!! Dur dur... en plus de toutes nos affaires et de la bouffe! Mais nous n'avons guère le choix...

3h30 le réveil sonne... 4h30 nous décollons, il fait déjà plus de 25°C. Nous savons que ça va être dur mais jamais à cet instant nous n'aurions pu imaginer les souffrances par lesquelles nous allions passer...

Dès les premiers mètres, on se rend compte de la difficulté... Nos sacs n'ont jamais été si lourds

Julien porte plus de 30Kg et moi plus de 20Kg...

Mais on a la pêche, on se met en mode compèt et le défi sportif nous enthousiasme.

Chaque heure, nous faisons une pause de 10minutes. La 1ère demie heure est correcte, la seconde est un supplice. Chaque pause est chronométrée et les gorgées d'eau mesurées.

Nos montres ont un gros soucis: elles retiennent les minutes quand nous marchons alors qu'elles les laissent filer durant la pause!

Un pas après l'autre les heures s'écoulent. Les mots sont rares, les regards en disent longs...

On arrive par moment à lever la tête et à profiter de la beauté de ce qui nous entoure... Des paysages lunaires, désertiques mais si infinis et empreints de liberté.

A présent il fait plus de 40°C à l'ombre... Ombre qui d'ailleurs n'est que sommaire, du fait des minuscules feuilles des acacias.

Il est tant de s'arrêter, nous avons marché 5h et nous ne pourrons reprendre que vers 16h30. Cool!!! Enfin pas tant que ça en fait... La chaleur est si écrasante qu'elle rend le repos très difficile.. Chaque geste te demande beaucoup d'énergie et de courage...

Cet univers est hostile, personne ne vit ici et ce n'est pas pour rien...

Tu n'as pas du tout envie de remettre ce fichu sac sur ton dos et pourtant tu n'as pas le choix.

On reprend la route...

Nos pieds sont en feu dans nos chaussures, à chaque pause il nous faut les sortir. Les ampoules pourtant nombreuses et imposantes se font presque oublier par rapport à la souffrance que nous ressentons. La souffrance physique est une chose mais à cela se rajoute la difficulté psychologique. Nous ne savons pas exactement le nombre d'heures de marche qu'il nous reste et quand nous pourrons trouver de l'eau potable...

C'est si dur de se rationner sur l'eau, quand tu as la bouteille entre les mains tu aimerais tant boire encore et encore. Pourtant, tu ne peux pas grignoter la part de l'autre... Tu fermes la bouteille la gorge encore sèche sachant que tu ne pourras l'ouvrir que dans 1heure...

Aussi, nous avons en permanence la peur de perdre le chemin. À chaque passage de rivière asséchée, les marques disparaissent. Il faut alors chercher pour les retrouver, ce qui nous demande beaucoup d'effort et nous fait perdre du temps...

Au bout de 6h de marche, je craque... Impossible pour moi de faire un pas de plus, je suffoque, je suis à bout... Il me faut dormir et boire... On comprend alors que nous allons devoir faire un jour de plus dans cette fournaise... Julien doit tout assumer seul: gérer la cuisine, la vaisselle, filtrer l'eau, faire les sacs... J'ai de la chance, il assure ;-) !

Heureusement, Dieu est là...

"L'Eternel soutient tous ceux qui tombent" Ps 145:14

Le lendemain nous partons boostés par notre magnifique nuit passée dans le désert et par l'extraordinaire chose qui nous est arrivée (cf: l'article "un miracle!")... Même si je me sens beaucoup mieux, je reste faible et ne peux quasi rien avaler...

Le lac Turkana est bientôt à portée de main. Enfin, nous pouvons toucher cette "mer de Jade"! Mais, malheureusement, l'eau est salée... Elle est immonde à boire et avec un fort goût de crevette mais se mouiller est tout simplement un délice. On pense alors être presque au bout de nos peines... Quelle erreur!!!

On continue d'avancer...

À nouveau je faiblis..., Julien me force à manger mais je vomis... Nous ne reprendrons la marche qu'au coucher du soleil, moment de pur plaisir! Notre ennemi part se coucher nous offrant un magnifique spectacle.

La nuit, certe, la chaleur est supportable mais le chemin est difficile à trouver et les insectes attirés par les frontales sont insupportables...

À 23h on se couche en espérant que demain sera la fin du calvaire.

6h du matin, nous partons pour la journée des désillusions... Après à peine 1h de marche, on distingue au loin des maisons.... C'est sûrement Loyangalani notre ville d'arrivée. Trop bien!!

Le lac Turkana est tout près, on en profite pour faire une petite baignade...juste délicieux !!

En fait non,... c'est un petit village de pêcheurs... impressionnant par sa précarité...

Ça fait du bien de trouver un peu de vie. Ça nous rassure aussi!

Cette découverte nous fait presque tout oublier...

Cette arrivée au village est un deuxième rendez vous en terre inconnue... Quelle belle surprise! Nous sommes alors remplis de curiosité. C'est trop chouette !

Le fait de vivre dans ce milieu si hostile est juste improbable, et nous sommes vraiment impressionnés.

Nous partageons un moment avec eux puis repartons. Ils nous disent qu'il ne reste que 2h...

Allez, 2h on peut y arriver...

Mais, 2h plus tard, nouveau petit village de pêcheur... Une jeune fille nous invite gentiment à boire le thé chez elle. Encore une belle rencontre qui nous redonnera de l'énergie et de la motivation.

Leur vie semble si dure et pourtant ils ont l'air heureux et ne manquent de rien. L'eau du lac et les poissons leurs suffisent...

C'est juste hallucinant!

Comment se plaindre après ça...?

On nous assure que notre arrivée n'est plus qu'à 3h... On nous a déjà dit ça il y a deux heures alors on ne sait plus trop quoi penser...

Nous avons à présent rejoint la piste, on avale les kilomètres bien plus vite. La souffrance est toujours présente mais le désir d'en finir est plus grand.

Après chaque colline on se dit que Loyangalani est juste derrière..., mais c'est de nouveau une autre vallée à traverser...plus longue encore que la précédente...

Le soleil commence à se coucher nous attaquons la 12ème heure de la journée dont 6h de marche...

Enfin, comme apparaît un mirage, nous découvrons Loyangalani la promise. Qui n'est en fait qu'un gros village de maniatas...(huttes en bois et en terre).

Ce moment tant attendu nous comble de soulagement! Quel bonheur d'arriver enfin! On sourit, on est si heureux... Nous allons pouvoir boire à notre soif et nous reposer pour de bon.

Les habitants nous demandent d'où nous venons et quand on leur répond de Parkati, ils ont du mal à nous croire, jusqu'à nous voir descendre des litres d'eau à la première fontaine rencontrée.

Mais il nous faut encore traverser la ville et trouver un endroit où planter notre tente.

Nous arrivons au Shade Palm camp il fait presque nuit. On a envie de pleurer tellement on est heureux d'avoir réussi, heureux que ça s'arrete, heureux d'être là.

On s'offre à boire, le plus intense Sprite de toute ma vie!!!! Julien encore dans la peau d'un Turkana, prend un litre de milk thea bien chaud!

C'est finiiiii!!!!!!!!!

C'est sûr, c'est certainement la marche la plus éprouvante que nous n'ayons jamais fait. Mais, suite aux difficultés rencontrées, les quelques plaisirs n'en sont que plus intenses... Certains de ces moments resteront gravés...

Tous les paysages, la baignade dans le lac, la découverte des petits villages, le coucher de soleil, l'arrivée et bien sûr toutes les belles rencontres.

Alors est ce que ça en valait la peine???... Oh OUI..., LARGEMENT!😃

Merci à mon Loulou d'avoir pris la grande majorité des photos. Trop dur pour moi...

Sans lui nous n'aurions pas tous ces beaux souvenirs à partager!

Catégories : kenya

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