02. septembre 2015

5- Trek n°2 : Lacs Burera et Ruhondo (5/11)⭐️ALA⭐️

Après notre court repos à Giseny, nous avons pris le bus pour Musanze. De cette ville s'organise toutes les activités dans le super parc des volcans au nord du pays. Parc que nous ne visiterons jamais... La raison est simple: 1h pour voir les gorilles 1550$, 2 jours de randonnée sur le volcan Karisimbi 900$....

Nous tenterons d'organiser nous même notre trek, dans une région toute aussi attrayante mais au combien moins touristique. Nous changeons alors nos plans pour nous rendre près des 2 lacs jumeaux pour y faire un trek d'une grosse semaine. Coût de l'opération 40$ soit 30€ tout compris: logement, nourriture, transport aller/retour (3h de bus) pour 10 jours...!!! :-).

(Soit 1,50 € par jour et par personne).

En bref :

- 8 nuits sous notre petite tente

- 8 journées de marche et 2 jours de repos

- Des paysages et des rencontres surprenantes

- Une petite histoire bien pimentée...

Nous effectuons nos premières heures de marche au côté d'un pasteur Rwandais fort sympathique. Après nous avoir offert un coup à boire chez lui, il insiste pour que nous passions la nuit dans sa famille. Une chambre nous est spécialement apprêtée, et les repas généreusement offerts. Père de 11 enfants, il a eu le cœur sur la main et nous a vraiment bien reçu.

Quel bel échange! Grâce à lui, nous avons pu assister à un culte bien matinal. Les chrétiens de son église se réunissent chaque jour de 5h à 6h du matin pour des louanges et une prédication sur la Bible. Un exemple de foi qui nous amène à réfléchir...

Nous avons ensuite continué notre chemin pour d'autres rencontres, d'autres paysages et d'autres aventures...

Cette région des 2 lacs offre de magnifiques points de vue et nous profitons de la fraîcheur de l'eau pas toujours très propre... pour nous laver et faire le plein d'eau.

Toujours très accueillante, la population des petits villages se fascine pour notre mode de vie et le chef du village nous rend systématiquement visite pour que nous remplissions le fameux registre des visiteurs. Pour des nuits plus reposantes, nous préférons dorénavant dormir un peu à l'écart des villages et profiter de la tranquillité de la nuit. Le Rwanda est véritablement un pays très sécuritaire où nous ne risquons rien...

Jusqu'au soir où, pour des raisons pas très évidentes à nos yeux, un haut fonctionnaire de l'état, chef de secteur (il y a le chef du village, de la cellule, du secteur et du district) nous chasse de l'endroit où nous avions pris le temps d'installer notre campement, de faire notre lessive et de filtrer notre eau. Le lieu conseillé par la population paraissait plus que sécuritaire avec un pourtour grillagé et un gardien qui avait pour mission de veiller sur nous.

Contraints et contrariés de quitter ce lieu, le chef du secteur ne nous apporte aucune solution si ce n'est de rejoindre Musanze à pied et en pleine nuit pour aller dormir à l'hôtel.

La ville se trouve à 6h de marche et il faisait nuit depuis 1h... Son seul objectif est que nous quittions son secteur au plus vite, il ne veut surtout pas prendre la responsabilité de nous accueillir.

Nous décidons alors de rejoindre, de nuit, la maison du pasteur chez qui nous avions été si bien reçu. Mais, à l'approche de sa maison, comble du désarroi, le pasteur paraît bizarre... Transformé, il fait mine de ne pas nous reconnaître! Nous pensions alors que nous étions entrain de le surprendre dans une mauvaise posture (alcool? Femme?), mais il en était tout autre...

Derrière lui, nous apercevons un homme au comportement tout aussi étrange... Il tentait vainement de se cacher derrière lui! Pas tout de suite reconnu, nous nous apercevons avec stupeur qu'il s'agit du chef du secteur!!!! Il nous avait ainsi devancé en moto par une autre piste pour venir sermonner le pasteur et lui interdire de nous accueillir de nouveau!

Remplis d'incompréhension face à ce complot forcé et décevant, nous quittons les lieux précipitamment...

S'en suit une véritable chasse à l'homme...

En effet, le chef du secteur avait missionné tous les villageois des alentours pour nous attraper et nous faire rejoindre contre notre grès la route qui mène à la grande ville. (Les informations transmises par les portables nous devançaient...!)

Nous passons en force, un premier barrage de villageois un peu éméchés!

Puis, à l'écoute d'une moto, nous nous écartons précipitamment du chemin principal pour nous enfoncer dans la campagne. Il était moins une... Pendant 10 bonnes minutes, tapis dans la végétation et l'obscurité, nous nous tenions immobiles. Nous étions séparés de quelques mètres ce qui suffisait à empêcher toutes communications. Retenant notre souffle, nous attendions et observions l'agitation qui se déroulait tout près de nous! Les gens couraient, téléphonaient, il y avait des motos, des lumières....

À l'approche d'un individu détenant une lampe plus puissante que les autres et visiblement désigné à fouiller les abords du chemin, nous décidons à tâtons de pénétrer davantage dans la forêt, pour ne pas être repérés.

Pendant plus de 3h, nous avons évolué en hors piste, avec nos lampes rouges pour être le moins visibles possible, en essayant tant bien que mal d'éviter la population, les habitations et les chemins omniprésents dans ce pays...

Nous sommes passés par des endroits impraticables et des parois presque verticales...

Pour déjouer les recherches, nous avions décidé stratégiquement de revenir sur nos pas et d'aller à l'opposé du chemin que nous avions pris au départ!

Après toute cette poursuite, bien loin des recherches nous avons enfin pu installer notre campement. La tente a été montée au milieu de la nuit, au plein milieu des cultures sur un pseudo terrain de foot et au bord du lac.

Sur mes gardes et encore vigilant je n'ai fermé l'oeil que 2h...

En effet, nous avions au préalable décidé de quitter l'endroit très tôt au cas où les recherches reprendraient au levé du jour. C'est à 5h du matin que nous avons rangé nos affaires pour continuer notre route après avoir planifier un autre itinéraire.

Pensant être débarrassés de cette fâcheuse histoire, mais encore méfiants, nous profitons tout de même des premiers rayons du soleil pour faire quelques photos. Après une bonne heure de marche, l'histoire recommence et un homme nous demande de l'attendre puis de le suivre...!

Déterminés et la conscience tranquille, nous continuons d'un pas rapide notre chemin.

Mais dès que nous abordons un village un groupe d'homme essaye de nous stopper et de nous demander nos passeports!

À chaque fois,on les sent très méfiants à notre égard et craintifs. Avertis par le chef du secteur, ils ont sûrement eu des recommandations et des informations infondés...

Certains nous prenaient même pour des soldats et nous demandent notre numéro de compagnie!

Ce n'est qu'après 3h de marche que nous décidons de faire une pause loin des villages et de toute présence humaine.

Un peu de cuisine et de repos sont les bienvenus.

Repos de courte durée puisqu'à la fin du repas, nous avons affaire à un groupe d'homme nombreux et bien décidés à nous faire rencontrer d'urgence le big boss (chef du district).

Après de longues discutions, nous décidons de coopérer puisque la raison du motif est en notre faveur. Il s'agit en fait, d'éclaircir les problèmes de la veille.

Après 1h de marche en leur compagnie, nous prenons un gros 4*4 pendant 2 heures pour enfin arriver au quartier général du district.

Accueillis d'abord froidement, et après vérification de notre identité plus chaleureusement, les hauts fonctionnaires écoutent notre version des faits d'une oreille bien veillante et avec beaucoup de lucidité. Nous faisons la rencontre du Maire du district (équivalent au préfet), du vice-maire, du secrétaire exécutif, d'un militaire, d'un représentant actif du parti politique le FPR et du commandent en chef de la police du district (lieutenant colonel). Quel comité d'accueil!

Leurs conclusions sont similaires aux nôtres. Le chef du secteur a vraiment mal agit, c'est une véritable erreur de sa part qui lui coûtera peut-être son poste...

Le temps est à la réconciliation et il est impératif pour eux que nous soyons dédommagés de cette triste histoire. Ils sont tous aussi désolés les uns que les autres, de l'accueil que nous avons eu et du comportement de cet individu pourtant haut placé.

Invités à baser notre campent dans la salle de réunion du district, nous y passerons 3 nuits.

Au programme, du repos, une après-midi en 4*4 pour avoir de superbes points de vue, et de très bons repas aux restaurants. Le tout bien évidemment offert gracieusement par le district :-)!

Restaurants dans lesquels nous avons attendu à 2 reprises près de 2h entre la commande et le service...!! Et oui, on ne pouvait manger plus frais, et c'est de la viande de qualité qui devait nous être servi.

Attraper la poule, la tuer, la plumer, la vider, la préparer et la cuisiner prenait un peu de temps..:-)! Il en a été de même pour le lapin:-)!

Nous avons beaucoup partager avec ses hauts fonctionnaires et c'est de ses conversations très enrichissantes que nous avons tant appris sur le Rwanda et notamment sur le génocide.

Pausé et reposé de notre aventure, nous décidons de continuer tout de même notre trek. Direction le grand marais de Ruguesi. Écosystème surprenant et féérique où, nous avons eu la chance d'observer de magnifiques oiseaux (Pélicans, Spatule, Ibis, Martin chasseur, aigrettes et même des Grues cendrées). Traverser cette immense marais est possible, nous l'avons fait à pied et un peu en barque :-)!

Notre trek touche à sa fin... Et, à cause de mauvaises indications, c'est dans une grande précipitation que nous rattrapons en moto, et à très vive allure, le bus qui doit nous ramener à Musanze...!

Catégories : Rwanda

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Commentaires: 7

#1
Benoit - aurelie (mercredi, 03 septembre 2014 20:48)

Une course poursuite en pleine nuit... qui ne vous empêche pas de prendre quelques photos !!!
#2
Les Bohaimes (mercredi, 03 septembre 2014 21:31)

Oh t'inquiète pas au moment où on a pris la photo, ça faisait un baille qu'on avait semé nos poursuivants... :)
#3
4ines et c 2ois (jeudi, 04 septembre 2014 10:23)

Quel beau récit.... mais quelle aventure!!!!! ça s'est pour rassurer les parents...... et à ce que je vois même au Rwanda ...... vous arrivez à être à la bourre....... on vous reconnait bien là!!!
De grosses bises de nous 6 a tous les 2, prenez soin de vous et continuez à nous faire rêver.......
#4
Les Boh'aimes (jeudi, 04 septembre 2014 10:48)

Pour notre défense, on nous a indiqué qu'il nous faudrait 30minutes pour rejoindre le bus depuis notre campement... Nous avions prévu 1h pour y aller! Mais il nous aura fallu 1h15 en marchant comme des fous et même en courant à la fin! :-) Arrivés au lieu indiqué, le bus était déjà parti (déception vu qu'il n'y a qu'un bus par jour). Heureusement, en moyennant finance, on l'a rattrapé grâce une course poursuite en moto! Bises aux ines et aux oies!
#5
Romaric (jeudi, 04 septembre 2014 19:29)

Une course poursuite de nuit en Afrique dans la forêt, pour finir par escalader le relief... C'est du standard pour vous non ? Et en plus ils n'étaient pas armées, donc ça ne compte pas... ;)
Et une course poursuite pour le bus : je vous imagine sauter de la moto pour grimper sur le bus car il n'avait pas le temps de s'arrêter. non ? j'en suis loin ?
J'espère que du coup vous avez négocié le prix du bus ?

Ils vont vraiment finir par croire que vous êtes des espions infiltrés.
#6
Les Boh'aimes (jeudi, 04 septembre 2014 21:05)

Le bus s'arrête régulièrement donc on a pas eu besoin de le stopper. On n'a pas négocier le bus car c'était un long trajet et on l'a rattraper après seulement 2 Km. En revanche, le prix des motos a été négociées...Refusant de payer un tarif trop élevé, on a tout d'abord continuer à pied sans savoir que jamais on ne pourrait rattraper le bus... Après 10 minutes, ils ont dû avoir piétié de nous et nous ont alors, sauver la mise à moitié prix :-)
#7
Auré Soleil (mercredi, 10 septembre 2014 10:17)

Bizarrement, cette aventure ne m'étonne pas trop de vous ! En tout cas c'était palpitant à lire ! Bonne continuation, bisous